Suréalisme vs Trans-réalisme

Dernière mise à jour le 25/11/2022

Christian Satin sur Wikipedia


Retrouvez Christian Satin sur :


- SAATCHI

- ARTPRICE

- SINGULART

Après la période surréaliste (1919-1969) : « Le Trans-réalisme »


En cette seconde décennie du XXIème siècle,  près d’un demi siècle après la fin officielle du surréalisme ; comme c’est le cas pour les tableaux de Jérôme Bosch, on ne peut pas « classer » les œuvres actuelles dans la dénomination « surréalisme ».

Cependant, une grande partie de l’esprit ou plutôt de l’âme subsiste car un « état d’être » surréaliste vit avant et après le mouvement littéraire, pictural, etc… désigné au XXème siècle sous le vocable « surréalisme ».


Dans la filiation des surréalistes pour accéder à plus de réalité émerge  une approche nouvelle qui témoigne  qu’il s’agit d’œuvres réalisées en ce XXIème siècle aujourd’hui. Cela m’ incite à utiliser des mots tels que « trans-réalisme » ou « alterréalisme » qui consistent en une « réalité transposée » ainsi qu’une autre réalité que l’on peut nommer « alter-réalité » plutôt que de parler de surréalisme.


La dimension novatrice qui conduit à parler  de trans-réalisme découle :


-D’une part,  l’ « alter/réalité » qui provient d’une volonté d’exprimer des situations et des images immersives qui effacent les frontières entre le monde réel et imaginaire ; et qui débouche sur une « autre »  réalité alternative.   D’autre part, la « trans-réalité » où l’on insère des « scènes » dans un corpus contextuel qui interrompt la cohérence entre le passé, le présent et le futur.


-Notre perception actuelle est celle d’un monde au sein d’un univers où le concret de l’expérience apparente s’intègre dans un espace – temps ; théâtre de transformations et de conversions auxquels est confrontée de façon permanente la matière.

L’essence même de la matière est le chaos des transformations fortuites  du cosmos, et notre perception singulière et précaire que nous avons  du quotidien.


-L’univers et l’évolution imposent ses changements supérieurs dans la capacité perceptive et imaginaire du cerveau. Une autre caractéristique  dans la « transréalité poétique »  est le joint de la réalité avec le mythe, de manière à ce qu’il n’existe plus de différence entre certitude et ambiguïté.


La « trans-réalité » et l’ « alter/réalité » , même si elles étaient déjà présentes de manière sous-jacente précédemment, sont des concepts totalement intégrés dans mes triptyques actuels qui s’inscrivent dans un élan expressif qui évolue au fil du temps de Jérôme Bosch jusqu’ à nos jours.


C’est pourquoi, par rapport à la définition du « surréalisme » du XXème siècle, les mots « trans-réalismes » et « alter/réalisme » sont mieux adaptés aux œuvres produites en ce début de XXIème siècle.


Nous « sortons » de plus d’un demi siècle d’expériences artistiques diverses dont l’art conceptuel, l’art minimal, etc… qui nient tout message représentatif ou imagé et par laquelle l’œuvre doit reproduire la conception de l’artiste, c'est-à-dire sa démarche spirituelle.


Par cette démarche, l’art conceptuel et le minimalisme témoignent de la multitude d’approches possibles dans la quête de plus de réalité ; elle s’adresse à un public plus restreint d’initiés. De plus, dans la spiritualisation pure des œuvres, l’art conceptuel rejette toute idée de beauté artistique.


Il ne s’agit toutefois pas de  revenir aujourd’hui  à la définition dominante de la beauté telle que définie au XIXème siècle, et dont E.Kant écrivait :« le beau est ce qui plait universellement sans concept » .


En ce début du XXIème siècle après des tentatives de faire table rase de tout jusqu’aux

notions de « beau » et de la  « beauté »; nombre  d’entre nous aspirent à ce que les

« concepts »  soient exprimés de manière harmonieuse en s’adressant à la sensibilité tout

autant qu’à  l’esprit.



Christian Satin,

15 octobre 2014



LE TRANS-REALISME : LA REALITE VUE + LA REALITE NON VUE


L’être humain veut comprendre et expliquer le monde de manière plus ou moins rationnelle. Il tente de le faire par le biais des sciences dont le fondement principal est l’empirisme.


Ainsi en est-il des mathématiques en ce qu’elles enferment l’univers dans les limites d’un ensemble cartésien mesurable.


Depuis des temps immémoriaux d’aucuns tentent d’imposer des pseudo-vérités ou des croyances qu’ils ont façonnées et incarnées en des Dieux.


De même, afin de répondre aux questions qui nous dépassent tout en soumettant leurs semblables, il en est qui fondent des religions.


Nonobstant, l’être rationnel que nous sommes (ou voudrions être) se trouve confronté  à cette part d’irrationnel profondément ancrée dans nos identités et que nous ne parvenons pas à cerner.


Au risque de sacrifier la composante humaine, selon les époques et plus particulièrement depuis un siècle, la pensée purement rationaliste domine parce que liée à notre conception du progrès technologique censé nous apporter non seulement tout le bonheur du monde mais encore une sorte de vie éternelle.


Simultanément, on assiste à un retour aux croyances provenant de la nuit des temps et dès lors, soit à la recrudescence des pratiques religieuses, soit à des tentatives d’aiguiser davantage notre sensibilité par l’approche « d’autres réalités ».


Quoi qu’il en soit, il nous est désormais permis de ne plus prendre pour acquis ce qui nous était présenté comme évidence, vérité ou valeur absolue assurant prétendument le salut de l’homme.


En ses principes fondamentaux et les œuvres qui s’en inspirent, le surréalisme fut un de ces grands mouvements d’évolution de la pensée, non dans la conception réductrice trop souvent observée durant des siècles d’histoire de l’art mais, ainsi que la définit André Breton en son célèbre Manifeste : «  … la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. » 


L’auteur se fonde sur ce qu’il qualifie « automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.»


Au début du vingtième siècle, si le mot « surréalisme » est nouveau, de même que son concept global élargi (tant sur le fond qu’en toutes les formes qu’il prend),


il préexistait en soi depuis longtemps. En témoignent les œuvres de Jérôme Bosch, de Félicien Rops et de bien d’autres surréalistes avant la lettre.


Toutefois, les tableaux de René Magritte, de Salvador Dali ou de Max Ernst, par exemple, apparaissent très différents des créations réalisées auparavant.


Fin des années soixante, après le décès d’André Breton (ou, selon d’autres analystes, à celui de Dali en 1989), le mouvement surréaliste prend fin. C’est exact en tant que « mouvement » mais en fait c’est plutot à la fin de sa première phase qu’on assiste, celle qui ouvre la porte à une nouvelle époque de remise en question.


Le surréalisme a donné le coup d’envoi du déblaiement des idées surannées largement partagées jusqu’alors, fût-ce jusqu’à nos jours.


Ce coup de pied dans la fourmilière s’est ensuite développé jusqu’à l’extrême : la contestation de tout et souvent de n’importe quoi, la négation artistique, l’art minimaliste etc.


Quant au trans-réalisme, s’il s’inscrit dans cette pensée surréaliste historique, il l’enrichit de caractéristiques et d’éléments nouveaux qui lui sont propres.


A partir d’une situation banale , émerge une image mentale plus qu’une illustration anecdotique .


Il en découle l’expression d’un « moment » pendant lequel l’évidence se dilue dans l’invisible qui fait que plus rien ne devient certain .


L’artiste « trans-réaliste » peint à la fois la réalité vue au premier degré et la réalité non vue au deuxième degré, au troisième degré etc, points d’observation et de perception situés au fond de l’âme humaine, de l’être tout entier et du monde qui nous entoure, celui que nous pouvons apercevoir et appréhender à défaut d’être capables d’(entre) apercevoir l’univers qui nous est encore trop loin.


Le trans-réalisme pictural est l’un des médias qui tente d’exprimer des « situations » en fixant le court instant d’une pensée ou d’un vécu somme toute furtif et relatif inscrit de cette manière dans le cycle ininterrompu de notre quête vers plus de connaissances.


Le trans-réalisme tend à rendre manifeste la présence de l’invisible à travers le visible.

 

Christian Satin,

Avril 2019

 

After the surrealist period (1919-1969):

« Trans-realism »


As we are in the second decade of the 21st century, almost half a century after the official death of surrealism, we cannot classify contemporary works as surrealist, as is also the case for the paintings of Hieronymus Bosch.

However, a large part of the surrealist spirit, or rather its soul, remains alive today because a surrealist “state of being” existed before and after the surrealist literary and artistic movements of the 20th century.


Deriving from surrealism and a desire to reach a greater reality, we see the emergence of a new approach which appears in 21st century works. This prompts me to use words such as trans-realism or alter-realism which encapsulate a “reality transposed” as well as another reality which can be called “alternate reality,” rather than speaking of surrealism.


The origin of the innovative dimension that leads us to trans-realism :


On one hand, there is alternate reality which comes from a desire to express immersive situations and images that blur the boundaries between the real and the imaginary, leading to an alternative reality. On the other, you have trans-realism, which involves inserting scenes into a collection of contextual works, and thus interrupting the coherence between past, present and future.


Our current perception is that of a world at the heart of a universe where the reality of apparent experience is integrated into space-time; a theatre of transformations and conversions which the subject is continuously confronted by.

The very essence of the subject is the chaos of transformations created randomly by the cosmos, and our singular and precarious perception of daily life.


The universe and evolution impose their superior changes on the perceptive and imaginative capacity of the brain. Another characteristic in poetic trans-realism is the link between reality and myth, thus erasing the difference between certainty and ambiguity.


Even if they were previously underlying ideas, trans-reality and alternate reality are concepts completely integrated in my current triptychs. They are part of an expressive surge which has evolved over time, from Hieronymus Bosch until the present day.


This is the reason why, in contrast with the 20th century’s definition of surrealism, the terms trans-realism and alter-realism are better suited when referring to works produced at the beginning of the 21st century.


We have left behind more than half a century of diverse artistic experiments, including conceptual art and minimal art, which deny any representative or pictorial message, yet through which the understanding of the artist, or rather his spiritual journey, must be reproduced.


Through this journey, conceptual and minimalist art demonstrate the multitude of approaches which can be taken in the search of a greater reality, whilst addressing a small inner circle. Moreover, conceptual art rejects all notion of artistic beauty, through the pure spiritualisation of the works.


However, this does not mean a return to the predominant definition of beauty today as it was defined in the 19th century, about which E. Kant wrote “the beautiful is that which pleases universally without a concept.”


Now, at the start of the 21st century, after attempts to wipe clean all notions of “beautiful” and “beauty”, many of us aspire to express concepts in a harmonious way, addressing sensitivity as much as the mind.



Christian Satin,

15 octobre 2014



TRANS-REALISM: reality "SEEN" and reality “NOT SEEN"

Humans yearn to experience, understand and explain the world in a rational
way.

They attempt to do this by imposing limits on the universe, reducing it to
what can be scientifically or mathematically derived;

 sciences in turn are limited by their reliance of empiricism — we can only
measure what we can observe.

Others, since the earliest of times, have imposed pseudo-truths and beliefs,
created from whole cloth,

codified as religions, and embodied in gods; their answers to the great
mysteries are meant to ensnare rather than illuminate.

Notwithstanding, our rational selves are confronted with that irrationality
that is deeply rooted in us,

and which we can not dispel through science or reason.

In the last century, rationalist thought has become widely accepted as it is
buoyed by technological progress which is supposed to bring us all
encompassing happiness

and even a life almost eternal; even at the cost of our humanity.

Simultaneously, we are witnessing a return to “beliefs” dating to the dawn
of time and an uptick in practice of religions.

Be that as it may, we can no longer take for granted what is served to us as
evidences, truths, or absolute values ​​that supposedly ensure our
salvation.

Surrealism through its principles and artwork was one of the great movements
that helped to evolve our thinking.

 Not by the "reductive" thought too often observed through centuries of
history, but as André Breton defines in his manifesto:

"Surrealism is based on the belief in the superior reality of certain forms
of previously neglected associations,

in the omnipotence of dream, in the disinterested play of thought.”

To this end, Breton builds on what he calls “psychic automatism in its pure
state,

 by which one proposes to express — verbally, by means of the written word,

or in any other manner — the actual functioning of thought in the absence of
any control exercised by reason, exempt from any aesthetic or moral
concern.”

If at the beginning of the 20th century the word "surrealism" is new, since
then the global concept "expanded" both in its substance and in the forms it
takes.

It existed "in itself" for a long time as evidenced by the works of Jerome
Bosch, Félicien Rops, and many others.

The late 60's with the death of André Breton, or a few years later with the
death of Dali, mark the end of surrealism.

This is true as of the movement, but it can also be said that it is only
the end of its first phase and that this leads to a new phase of
questioning.

Surrealism's kick in that anthill of outdated yet widely shared ideas, led
to a phase of artistic house cleaning.

The reaches of that disruption extended to the extreme: the "challenge" of
everything (and often) of anything; and the negation of everything,
minimalist art, etc …

"Trans-realism" belongs to this surrealist idea, while bringing elements of
its own and giving rise to distinctive works.

 In particular, that of painting the reality "seen" (1st degree) and the
reality "not seen" (2nd, 3rd degree ...) arising from the bottom of the
human soul, the whole being and the world around us. This world we can see
and apprehend, failing to be able to see the universe that, for us, is still
too far.

From the banality of life emerges a mental image that is more than an
ordinary illustration .

The result is the expression of a "moment" during witch the fact and truth
dissolve into the unseen , and nothing is certain anymore .

Pictorial Trans-realism is one of the artistic languages that tries to
express "situations" by fixing the "short moment" of a thought,

of an experience; a sum of "stealth" and "relative" that fits in this way in
the uninterrupted cycle of our quest for knowledge.

Trans-realism tends to make manifest the presence of the invisible through
the visible.

Christian Satin,
April 2019